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Introduction, les acteurs, lexique
Chapitres 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13

 

- Oui, parfaitement ma chère, un sauvage d'Afrique qu'il dit Arthur !!! Mais chez nous, on dit les autochtones. Arthur l'a mis dans le petit-monde l'autre jour. Il s'appelle Mandela et c'est lui-même qui m'a raconté son aventure. Mets toi dans ce coin, à l'abri des autres, je vais te raconter. Voilà, il m'a dit qu'avant il vivait dans un endroit immense, personne n'a jamais pu lui en dire les limites. Il pouvait nager pendant des heures tout droit, sans rencontrer de vitre où se cogner.
- Arrête, tu me fais nager !
- Non, je te jure, c'est pas des blagues. Nous, on a toujours vécu entre quatre vitres. Mais eux, ils ont de la chance. Tu te rends compte ?
- Oui, c'est un point de vue. Moi j'aurais vite des crampes dans les nageoires.
- Bon, toujours est-il qu'un beau jour il s'est fait attrapper par les "sans-eau". Il n'a rien compris. Il s'est retrouvé avec d'autres écailles dans un autre lac très petit, sans rien dedans, avec que de l'eau. Il y est resté plusieurs jours. Il a des copains qui n'ont pas résisté et qui sont morts. Lui a eu de la chance. Il a été trimbalé à droite et à gauche, dans des endroits plus ou moins petits. A la fin il est arrivé ici. Ca lui fait tout drôle. Viens, je vais te le présenter. Tend bien l'oreille parce qu'il a un drôle d'accent...

Mandela

- Salut Mandela, je peux te présenter ma copine Jacinthe, de la famille Saulosi?
- Ouai, salut !
- Bonjour, il paraît que tu viens d'Afrique. Tu peux me raconter?
- M'en parle pas, j'y pense encore tous les jours. J'y ai laissé tous mes potes. La nuit je rêve que j'y nage. Le grand-monde, c'est un pays très vaste. Désertique, mais beau. Le sol est couvert de pierres et de roches. Il n'y a pas de végétation. On en est réduit à manger les algues qui poussent sur les cailloux ! Mais le spectacle est permanent: les levers de soleil sous le lac, c'est féérique. Les couchers de soleil, c'est grandiose. Le passage des grands bancs de juvéniles jaunes, c'est magnifique. Et puis la bas il y a la vraie vie: la lutte pour manger, pour perpétrer l'espèce : les bagarres entre mâles, les poursuites infernales, la défense du territoire. (une larme sèche coule du coin de l'oeil). Bon, il faut que j'arrête de penser, c'est pas bon pour le moral. Dis donc, si tu me fais visiter ta piaule ?


Jacinthe

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