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Maylandia estherae

 

 

 

 

 

 

 

Maylandia estherae "Minos Reef" mâle B
Maylandia estherae mâle O
Maylandia estherae "Minos Reef" mâle B agressant un mâle O
Maylandia estherae "Minos Reef" femelle
Les alevins M. estherae sont les seuls Mbunas sexables dès la naissance : les mâles sont bleus, les femelles oranges

VIDEO mâle O

AUTRES NOMS

Metriaclima "Red Zebra" , Pseudo mandarine, Pseudo zebra orange, Zebra Orange, Zebra Red, Zebra Mandarine

Autres photos

Jandresen

HISTORIQUE

Richard Furzer l'importe en Europe depuis Metangula (Mozambique) dans les années 1973-1974 sous le nom de "Red Zebra". En mai 1975 Ad Konings décrit ce cichlidé dans la revue Tropical Fish Hobbyist. Il l'avait longuement étudié in situ en compagnie de Barnabas Mnkhwamba, chef de l'équipe des plongeurs de Likoma. Puis la guerre met fin aux importations pendant une quinzaine d'années jusqu'a ce que Stuart Grant reçoive l'autorisation de recommencer les exportations, en remerciement de son aide pour le rapatriement des réfugiés vers leur pays d'origine. Le nom d'espèce "estherae" est dédié à Esther, l'épouse de Stuart Grant, qui joua un grand rôle dans la réouverture des importations.

DISTRIBUTION

Endémique du lac Malawi, le Maylandia estherae fait partie du grand groupe des Metriaclima (Maylandia) zebra. On le retrouve sur la côte est du lac, dans le Mosambique à Minos Reef d'où viennent la plupart des importations. Minos Reef est un récif situé à quelques kilomètres au large de la plage de Meluluca. Dautres Maylandia estherae viennent de Chilucha Reef près de Metangula (une quinzaine de Km au nord de Monos Reef), de Nkhungu Point (15 Km au sud de Minos Reef), de Lumessi (Maylandia sp."estherae blueface" à 31 Km au sud de Minos Reef) , de Meponda (65 Km au sud de Minos Reef), de Gome (77 Km au sud de Minos Reef) et de Masinje (83 Km au sud de Minos Reef).

ALIMENTATION

Dans le lac, il vit au contact des zones rocheuses où il se nourrit de la couverture végétale (Aufwuchs).
En aquarium il accepte les granulés, les paillettes, les préparations "maison" (légumes verts + crevettes + poisson). L'apport de crevettes aide à maintenir une belle coloration orange des femelles, particulièrement pour la population issue de Minos Reef.

TAILLE

Le mâle peut atteindre 8 cm, la femelle est plus petite.

COLORATION

Les mâles sont bleus, sans aucune barre sur le corps, parfois OB et très rarement O (blanc-rosé, les nageoires bleues et des ocelles rouges sur les rayons mous de la nageoire dorsale).
80% des femelles sont O (jaune-orange), les autres sont gris-beige ou OB (orange blotch), mais jamais bleues.

- A Minos Reef les mâles Maylandia estherae sont bleus et ont des femelles rouges ou OB. Sur leur biotope cohabitent les Maylandia sp. "blue reef" qui ont des femelles bleues. Mais il n'y a pas de mélange des deux populations.
- Au nord de Minos Reef les mâles Maylandia estherae n'ont pas de points jaunes sur la partie molle de la dorsale contrairement aux autres populations de Minos Reef.
- A Minos Reef et à Nkhungu Reef toutes les femelles zébra rouge sont soit complètement rouges, soit OB. Ailleurs, elles peuvent être brunes, beiges, rouges ou OB.
- A l'extrémité de la péninsule de Metangula on retrouve des femelles rouge vif, orange, OB, beiges. Mais il existe un doute sur l'origine naturelle de ces populations car à cet endroit un exportateur avait sa station de stockage de poissons et certains spécimens ont pu parvenir jusqu'au lac.
- A Lumessi Maylandia sp."estherae blue face" est peut-être une variété géographique de Maylandia estherae . Chez le mâle la moitié inférieure de la face est bleue foncé. Les femelles sont brun clair, orange ou OB.

Ad Konings a observé à Minos Reef des roches couvertes d'algues rouge pourpre. A la saison des pluies, en juin, ces algues prolifèrent. C'est à cette même période qu'on observe dans le lac les femelles Maylandia estherae avec une couleur rouge-orange plus intense. La présence de ces algues à Minos Reef expliquerait la couleur rouge-orange des femelles Maylandia estherae.

Dans les années 70 des femelles O (oranges) de Metangula ont été importés avec des mâles B (bleus) , O (oranges) et OB (orange blotch) d'une provenance inconnue. Des mélanges de variétés géographiques ont eu lieu à l'époque, avec sélection d'une lignée de mâles O (oranges). Puis, pendant une vingtaine d'années, il n'y a pas eu d'importation de souches sûres et on est resté avec des mélanges de provenance diverses.
Depuis quelques années, on retrouve sur le marché des Maylandia estherae sauvages de Minos Reef avec des Mâles B, O et OB et des femelles O et OB.
Les mâles O de Minos Reef font couler beaucoup d'encre. On peut résumer la situation de la façon suivante :
Dans le milieu naturel, si Ad Konings suspecte des mâles O à Minos Reef, d'autres plongeurs en on observé. Ces mâles O sont certainement plus nombreux qu'on ne pense. Une première explication pourrait être fournie par les algues rouges de Minos Reef qui accentuent la couleur orangée des mâles O du lac bien plus que ne le fait la nourriture donnée en captivité. Les mâles O du milieu naturel seraient proportionnellement aussi nombreux que ceux élevés en aquarium, mais beaucoup plus colorés, donc d'avantage cachés parmi les bancs de femelles. La seconde explication, c'est que la couleur orange pourrait être une couleur de camoufflage. Il a été observé à plusieurs reprises en captivité des mâles O en période de frai. A ce moment-là, les mâles modifient leur couleur orange qui devient blanc-nacré, se rapprochant des couleurs des mâles B dominants. Il n'est donc pas impossible que dans le milieu naturel des mâles O se cachent parmi les femelles pour échapper aux agressions des mâles B dominants. Ces mêmes mâles O modifient leurs couleurs pour frayer, en prenant une couleur blanc-nacré pour mieux attirer les femelles. Cela expliquerait le peu d'observations de mâles O en milieu naturel: on ne verrait bien que ceux qui essaient de frayer.
En aquariophilie, en raison des sélections asiatiques datant des années 70, on se méfie toujours d'individus de mauvaise qualité provenant de souches douteuses. Il faut absolument refuser d'acheter un mâle O dès lors que la provenance est suspecte. Si l'achat est fait en animalerie et si le vendeur donne un nom fantaisiste (type Pseudo mandarine, Pseudo red red, etc... il ne faut pas acheter. Si par contre l'achat est fait chez un importateur sérieux (ils se comptent sur les doigts des mains en France), avec la dénomination Maylandia estherae "Minos Reef" mâle O, on peut faire confiance. Il faut tout de même s'assurer que l'individu en question est bien de couleur orange très pâle, à reflets rose-nacré avec des nageoires bleues et des ocelles rouges sur les rayons mous de la nageoire dorsale. On retrouve parfois dans une ponte (père B, mère O) des alevins jaunes qui se révèlent à l'âge adulte comme étant des mâles. Si on peut remonter la provenance des générations jusqu'à la souche sauvage, il faut alors considérer ces mâles O comme authentiques. La provenance de la souche et l'observation du mâle O permettraient donc d'authentifier un vrai mâle O.

Ne connaissant pas les couleurs des générations sauvages précédentes, il est tout à fait possible de retrouver en aquariophilie des alevins mâles B, O ou OB. Beaucoup de paramètres nous échappent encore et ces couleurs qui paraissent aberrantes dans certaines pontes peuvent également sauter des générations.

EAU

Température de 24 à 28°C
pH de 7,5 à 8,5
Dureté 4 DH

REPRODUCTION

Dans de bonnes conditions de maintenance les pontes se succèdent tous les deux ou trois mois. Le frai est classique pour un mbuna: après une parade où le mâle attire la femelle gravide la ponte a lieu selon la classique position den T. Dans le lac la ponte a lieu contre une roche plate inclinée ou au pied d'un rocher dans une cuvette creusée dans le sable. Une à trois dizaines d'oeufs sont ensuite incubés pendant trois semaines. Les alevins sont sexables dès la naissance grâce à leur coloration: orange pour les femelles et brune pour les mâles. Pour une croissance rapide il est préférable d'éveler les jeunes pendant les premières semaines avec des nauplies d'artémias.

COMPORTEMENT en Aquarium

Maylandia estherae est assez remuant en aquarium, mais moins agressif que Maylandia zebra. Le mâle est territorial, creuse un nid dans le sabe et essaie d'attirer les femelles. Il chasse de son territoire tous les autres poissons qui s'en approchent. on peur le maintenir dans un bac de 1,20 mètre de façade minimum (240 litres), avec un décor de roches et de sable pour qu'il puisse creuser son site de ponte. Il est préférable d'avoir un mâle pour au moins deux ou trois femelles. Si on veut maintenir deux mâles, il faut disposer d'un bac d'au moins deux mètres de façade pour qu'ils aient chacun leur territoire.

POUR EN SAVOIR PLUS

Les cichlidés du Malawi dans leur milieu naturel, 3° édition, Ad Konings
Revue Française des Cichlidophiles N° 233, novembre 2003 : "Observation de trois M'bunas" par Pierre ROSSELLO
Revue Française des Cichlidophiles N° 252, octobre 2005 : " Maylandia estherae"de Walter DEPROOST, traduction de Philippe HOTTON
Cichlidsforum
Mbunas passion

EXPERIENCE PERSONNELLE

J'ai acquis à Vichy en 2004 un couple de Maylandia estherae Minos Reef pour donner un peu plus de couleur dans mes aquariums, et c'est avec impatience que j'attendais la première ponte. Il me tardait surtout de voir des alevins de couleur différente dès la naissance. Comme à mon habitude, je place dans un 600 litres les couples que je veux reproduire. Lorsqu'une femelle incube, il m'est plus facile (du moins dans cet aquarium à cause du décor) de récupérer la future mère pour l'isoler. Généralement j'attends deux semaines environ et je profite d'un changement d'eau pour l'isoler dans un bac maternité. Mais cette fois ci c'est au bout de quatre à cinq jours d'incubation seulement que j'isolais la femelle. Un beau jour je vis quelques alevins circuler entre les cailloux du bac. L'incubation était terminée. Je laissais encore une journée la mère avec les petits et comme elle donnait l'impression de ne pas s'en occuper, je l'enlevais du bac. J'étais surpris de voir que tous les alevins étaient jaunes. Pas de bleu ou de brun à l'horizon. Au bout de quelques jours, toujours pas d'alevins bleus. Je m'en inquiétais auprès de Robert Marcel qui émis l'hypothèse suivante: le fait d'avoir placé la mère en incubation dans un autre aquarium avec une eau différente aurait pu jouer sur la sélection des sexes. Une expérience avait déjà été tentée avec certains cichlidés et une modification du pH dans les premiers jours d'incubation influait sur le sexe des alevins. Il n'y avait plus qu'à attendre que les petits grandissent pour les sexer à l'âge adulte.
Mais au bout d'un mois, la femelle incubait de nouveau. J'avais deux possibilités: remettre la mère dans les mêmes conditions de changement ou bien attendre la fin de l'incubation pour la changer de bac. C'est la deuxième solution que je pris. Mais nouvelle déception, de nouveau tous les alevins étaient jaunes. Je les gardais un mois, puis voyant qu'ils ne changeaient pas de couleur, je les mis dans un bac communautaire, la prédation naturelle m'évitant une surpopulation que je ne pourrais pas assumer. La femelle étant très prolifique, j'ai droit tous les trois mois à une ponte. A chaque fois je ne retrouve que des alevins jaunes que je ne garde pas.

Quant à la première ponte, au bout de quatre mois les alevins étaient toujours jaunes, nourris exculivement avec des nauplies d'artémias. Il y avait bien quelques mâles reconnaissables à une dorsale beue, un nombre plus important d'ocelles, les extrémités des nageoires plus effilées et surtout un comportement dominant. Avec le temps ces mâles sont devenus superbes avec une couleur blanc-jaune et une dorsale bleutée (photo en bas de la page). Je pense qu'il s'agit d'une forme O. Je n'ai aucune raison de remettre en cause la qualité de la souche. je pense simplement que parmi les ascendants sauvages se trouvaient une forme O dont les gènes se sont tramsmis.

Par curiosité, j'ai croisé le père B avec plusieurs filles: elles ont toutes à plusieurs reprises donné naissance à des alevins sexables dès leur naissance: bleus pour les mâles et jaunes pour les femelles
J'ai également croisé des jeunes mâles O avec leur soeur : tous les alevins issus étaient également sexables dès la naissance (50% mâles B pour 50 % de femelles et parfois 25% mâles B, 25% mâles O, 50% femelles)

Après réflexion, après avoir lu et avoir discuté avec plusieurs amateurs, je me rends compte que j'ai beaucoup de chances d'avoir un couple qui donne naissance à des mâles O. Ceux-ci sont relativement difficiles à trouver à l'état sauvage et également en animalerie. Ils sont superbes et ont leur couleur très pâle. C' est très agréable de les voir évoluer dans un bac comportant principalement du jaune, de l'orange et du bleu. J'ai pris la décision d'être attentif aux pontes et de récupérer autant que possible ces mâles O.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
Couple
Mâle B
Mâle O
Femelle
Mère et son alevin
Alevin mâle