LES HYBRIDES
La plupart du temps les aquariums sont
communautaires, c'est à dire qu'ils
hébergent des poissons de diverses origines.
Les reproductions étant fréquentes,
on a de temps en temps de mauvaises surprises,
à savoir qu'on observe le frai entre deux
espèces proches ou éloignées :
c'est l'hybridation.
On a observé des hybridations en milieu
naturel , en particulier dans le lac Victoria, et
on pense qu'un certain nombre d'espèces sont
issues de telles hybridations. Mais si la nature a
le droit de sélectionner ce qu'elle veut,
l'homme le peut-il ? La question reste ouverte.
En aquariophilie de nombreuses hybridations ont
été tentées volontairement
avec plus ou moins de succès. En ce qui
concerne les cichlidés, le scalaire et le
discus ont été tellement
modifiés qu'on en oublie les formes et les
couleurs des spécimens sauvages. Le
"cichlid-parot" est un exemple extrême de
mauvais goût en matière d'hybridation.
Il y a dans la nature des milliers
d'espèces de cichlidés. Un grand
nombre sont encore à découvrir. Un
grand nombre également sont menacés
par les activités humaines ou l'introduction
de la perche de Nil. Il y a donc
énormément de choses à faire
pour étudier et maintenir les espèces
menacées. Pourquoi perdre du temps à
fabriquer de nouvelles espèces?
Une hybridation étonnante
Quelle ne fut pas ma surprise un beau jour de
voir ma femelle Tropheus duboisi
courtisée par un mâle
Thorachochromis braushi !
Ces deux espèces ne peuvent se rencontrer
qu'en aquarium, étant originaires de la
rivière Fwa pour l'un et du lac Tanganyika
pour l'autre. Mais tous deux avaient perdu leur
"conjoint" et malgré le manque
évident de ressemblance, tous les deux y
trouvaient leur compte. Après une ou deux
pontes non fécondées où la
femelle se débarassait des oeufs au bout de
quelques jours, j'eus la surprise de voir sa gorge
un peu enflée rester plusieurs semaines
ainsi. Apparemment la fécondation avait eu
lieu. Par curiosité, je décidais de
garder les petits, mais auparavant il me fallait
capturer la mère. Dans un 1 000 litres, ce
n'est pas facile. Mais cette femelle continuait de
s'alimenter pendant l'incubation. Avec une
bouteille d'eau de cinq litres, je confectionnais
une nasse et rapidement elle se laissa
piéger en essayant d'attrapper à
l'intérieur un peu de nourriture. Je
retirais les alevins qui étaient
déjà gros et bien vivants, leur sac
vitellin déjà résorbé.
Il y en avait six que je plaçais
aussitôt avec d'autres alevins dans un
bac-maternité. Au bout de quelques semaines
je pus les observer plus attentivement. De couleur
brune, ils avaient sur le corps un quadrillage plus
foncé et deux barres sombres près de
l'oeil qui leur donnaient un air agressif.
Ces hybrides ont une certaine agressivité
vis à vis de tous les autres poissons.
|