Retour
sommaire
L' INCUBATION BUCCALE
des cichlidés du lac Malawi
|
Chez les cichlidés, on
distingue les incubateurs buccaux (bucco-pharyngiens) et les non incubateurs buccaux ( ce sont les pondeurs sur substrat
caché et sur substrat découvert).
Le tableau suivant résume les différents modes
de reproduction chez les cichlidés.
Fleuves et
lacs
|
incubateurs
buccaux
(= bucco-pharyngiens)
|
non incubateurs
buccaux
|
Lac Malawi
|
Toutes les
espèces sauf une
|
une seule
espèce:
Tilapia Rendalli
|
Lac Tanganyika
|
2/3 des
espèces
|
1/3 des
espèces
|
Lac Victoria et
environs
|
toutes les
espèces
|
aucune
espèce
|
fleuves d'Afrique de
l'Ouest
|
20% des
espèces
|
80% des
espèces
|
fleuves
d'Amérique du Sud
|
20% des
espèces
|
80% des
espèces
|
fleuves
d'Amérique centrale
|
une seule
espèce:
Geophagus crassilabris
|
Toutes les
espèces sauf une
|
|
BEAUCOUP DE
CICHLIDÉS SONT DES PONDEURS SUR SUBSTRAT
On en a de nombreux exemples dans le
lac Tanganyika: des centaines d'oeufs minuscules (plus
rarement des dizaines) sont déposés sur le sol
ou "collés" au plafond d'une roche par la femelle.
Après fécondation et au bout de quelques
jours, des larves de 2 à 3 millimètres
éclosent. Elles restent généralement
sous la protection parentale pendant une dizaine de jours
avant de s'aventurer hors du nid. Le sort des larves
dépend ensuite de l'espèce: soit elles sont
abandonnés à leur sort à l'abri
généralement des prédateurs, soit un
des parents ou les deux parents montent la garde. Exemple
VIDEO avec un couple de Steatocranus casuarius (fluviatile).
La méthode n'est pas très rentable en terme de
survie. Un certain nombre d'oeufs ne va pas éclore:
absence de fécondation, malformation, infection,
prédation... Beaucoup de larves vont être
victimes de prédateurs car le (ou les) parent ne peut
pas surveiller correctement des centaines de petits. Il
restera au bout du compte quelques survivants, naturellement
sélectionnés comme les plus robustes et les
plus malins.
|
|
Hemichromis
guttatus
(fleuve Congo)
la femelle vient de pondre un millier
d'oeufs
|
Deux jours plus
tard:
les oeufs non fécondés ont
été enlevés par la
mère,
d'autres ont été victimes de
prédateurs
malgré la vigilance des parents
|
|
LE PASSAGE A L'INCUBATION
BUCCALE
Dans le cours de l'évolution,
l'incubation buccale est arrivée tardivement et s'est
étalée sur des milliers d'années.
Certaines espèces gardent encore un mode de
reproduction mixte. L'observation d'un très petit
cichlidé du lac Tanganyika, le Neolamprologus
signatus qui vit sur les fonds vaseux du lac Tanganyika
nous apporte déjà un début de
réponse dans le passage à l'incubation
buccale. Le N.
signatus creuse son nid dans
la vase composée de sable et de boue. Les oeufs de ce
petit cichlidé ne sont pas adhésifs au
substrat, contrairement à la plupart des oeufs des
cichlidés du Tanganyika. Ils peuvent ainsi rouler et
échapper à un éboulement du nid. Devant
un éboulement ou devant la présence d'un
prédateur les parents prennent les oeufs dans la
bouche et les déplacent vers un autre nid. Certaines
espèces qui déménagent ainsi leur
progéniture se sont rendu compte que les oeufs
étaient mieux protégés dans la bouche
que sous un abri. Au fil du temps un grand nombre
d'espèces a adopté la méthode et
gardé les oeufs en bouche jusqu'à la
maturité complète des alevins. Ailleurs et
dans certains habitats très peuplés, les oeufs
pondus sur substrat découvert étaient
rapidement mangés par les prédateurs. Les
femelles n'avaient pas d'autre moyen que la protection
buccale pour mener à terme une ponte.
Cette protection buccale des alevins s'est
développée plusieurs fois chez les
cichlidés du Tanganyika, dans des circonstances
différentes et avec des facteurs déclenchants
différents. L'aboutissement de ce processus qui s'est
produit dans les autres grands lacs et dans les fleuves
d'Afrique est l'incubation cent pour cent buccale que
pratiquent actuellement les cichlidés du lac Malawi.
Actuellement, tous les comportements intermédiaires
sont également observables en milieu lacustre et
fluviatile :
oeufs pondus, fécondés puis pris en bouche
oeufs pondus, pris en bouche, puis
fécondés
oeufs pondus, fécondés puis pris en bouche
après l'éclosion
incubation par un des deux parents, le plus souvent la
mère, mais également le père, et
parfois par les deux parents
|
L'INCUBATION BUCCALE CHEZ
LES CICHLIDES DU MALAWI
Au cours de la parade nuptiale, le
mâle va poursuivre la femelle, non pas pour
l'agresser, mais pour lui montrer ses belles couleurs,
indiquant par là qu'il fait partie de son
espèce. Si la femelle est prête, la classique
position en T permet la ponte et la fécondation: la
femelle pond un ou plusieurs oeufs, les reprend
aussitôt dans sa bouche et positionne sa tête
près de l'orifice génital du mâle.
Celui-ci émet alors le sperme que la femelle aspire,
permettant la fécondation. Chez quelques rares
espèces du Malawi, les plus primitives
(Sc.
fryeri, Nimbochromis livingstonii, Astatotilapia
caliptera, Cyrtocara moorii, Protomelas
annectens, ..), la
fécondation des oeufs s'effectue avant la prise en
bouche. La scène se répète plusieurs
fois jusqu'à épuisement du stock d'oeufs. Bien
à l'abri dans la bouche maternelle, les oeufs vont
éclore au bout de cinq jours environ et les larves
(embryons) vont se développer jusqu'à
maturation complète, ce qui prend en moyenne trois
semaines. Les oeufs ainsi
à l'abri ne sont plus accessibles aux
prédateurs.
|
UNE ADAPTATION POUR LA
SURVIE DES ESPECES
Le tableau comparatif des deux modes
de reproduction est très schématique, avec
beaucoup de variations d'une espèce à une
autre. Mais il permet de comprendre les différences
entre les deux modes de reproduction. Le "résultat
final" est identique: seuls quelques survivants sont
retrouvés un mois après la ponte, et ils ont
la taille et la vigueur suffisante pour être
autonomes. L'adaptation à l'environnement a donc bien
joué son rôle . On peut dire que l'incubation
buccale a permis de maintenir les espèces en
évitant la prédation.
|
absence d'
incubation buccale
|
incubation
buccale
|
nombre d'oeufs pondus
|
plusieurs centaines
à un millier
|
un à plusieurs
dizaines
|
taille des oeufs
|
inférieure
à 1 millimètre
|
3 à 5
millimètres
|
mortalité des
oeufs
|
importante :
prédation, infections, oeufs non
fécondés
|
quasiment
nulle
|
taille de l'alevin à
l'éclosion de l'oeuf
|
2 à 3
millimètres
|
3
millimètres
|
taille de l'alevin à
21 jours
|
10
millimètres
|
10
millimètres
|
nombre l'alevins survivant
à un mois
|
quelques uns à
quelques dizaines
|
quelques uns à
quelques dizaines
|
|
|
|
Hemichromis
lifalili (fluviatile)
ne pratique pas
l'incubation buccale
3 jours après
l'éclosion de l'oeuf
il mesure 5 mm
|
X.
nuchisquamulatus (Lac
Victoria)
incubation buccale
le jour de
l'éclosion (5° jour après la
ponte)
l'oeuf mesure 4 millimètres
|
X.
nuchisquamulatus (Lac
Victoria)
incubation buccale
18° jour
après la ponte
l'alevin mesure 10 millimètres
|
|
LA TAILLE DES OEUFS
INCUBES
|
|
Femelle
Ps.
Acei Msuli
(lac Malawi) de 1 an mesurant 8 cm
c'était sa 1ère ponte
taille de l'oeuf : 2,5 mm* 2 mm
|
Femelle
Cynotilapia
afra (lac Malawi) de 4 ans mesurant 9
cm
ayant déjà eu plusieurs pontes
taille de l'oeuf : 3,8 mm* 2,5 mm
|
Les oeufs des cichlidés du lac
Malawi mesurent en moyenne 3 mm, avec peu de variation selon
les espèces.
|
LE NOMBRE
D'OEUFS
Le nombre d'oeufs pondus et
incubés varie en fonction de l'espèce, de
l'âge de la femelle (et donc de la capacité de
sa cavité buccale) et de chaque individu.
On peut dire en règle générale que:
- Plus la femelle est jeune et moins elle aura d'oeufs (cela
peut aller de 1 à 10 oeufs).
- Certaines espèces n'incubent qu'une à deux
dizaines d'oeufs (les mbunas en général) alors
que d'autres en incubent plusieurs dizaines, voire plus
d'une centaine (Protomelas,
Copadichromis, Aulonocara
maylandi, Aulonocara kandeense, Serranochromis
robustus, Dimidiochromis strigatus...), cela tenant à la capacité de
la cavité buccale. Le record est sans doute
détenu par l'Oreochromis
mossanbicus qui atteint la
taille respectable de 35 cm. Les femelles peuvent incuber
jusqu'à 4 000 oeufs. C'est parce qu'ils sont
précoces (les femelles incubent une trentaine d'oeufs
dès la taille de 6 cm), prolifiques, de taille
respectable et s'adaptant même aux eaux salées
que les Oreochromis
mossanbicus ont
été implantés dans de nombreux pays
pour nourir les populations locales (Guadeloupe,
Amérique, Asie, Madagascar, Seychelles...)
- Enfin, au sein même d'une espèces le nombre
d'oeufs varie selon les femelles: si les Sc. fryeri
pondent en moyenne une vingtaine d'oeufs, j'ai eu le cas
d'une femelle qui en a pondu exactement soixante.
|
SI LA FEMELLE N'INCUBE
PLUS
Il arrive parfois que l'incubation se
termine précocément,
généralement au bout de cinq à six
jours. Il s'agit souvent d'oeufs qui n'ont pas
été fécondés. Il est alors
illusoire de vouloir les récupérer pour une
incubation artificielle. Quelque soit la cause, il faut se
dire que la nature faisant bien les choses, il ne faut pas
intervenir. Parfois la femelle est trop jeune et n'a pas
développé suffisamment son instinct maternel.
Il lui faudra plusieurs pontes pour mener à terme une
incubation. C'est ce qu'on peut observer chez certains
Tropheus (lac TanganyiKa).
|
LA FEMELLE NE S'ALIMENTE
PAS PENDANT L'INCUBATION
C'est la seule façon de ne pas
perdre les oeufs qu'elle a en bouche. Dans le lac Malawi,
l'incubation dure environ trois semaines. La nature faisant
bien les choses, le jeûne prolongé ne leur est
pas néfaste. Au bout des trois semaines la femelle
aura puisé dans ses réserves de graisse et
perdu du poids. On remarque alors un ventre creux. Si
elle incube pour la première fois, elle sera surprise
d'être génée pour se nourir. Elle
essaiera de manger, mais l'instinct de survie de
l'espèce sera plus fort que sa faim et elle se
résignera à jeûner jusqu'à la fin
de l'incubation.
Après dix jours d'incubation certaines femelles
peuvent ingérer de fines particules alimentaires.
Elles font bien attention de ne pas perdre leurs larves
à ce moment-là.
Certaines femelles des grands piscivores ne s'alimentent pas
durant toute l'incubation et encore jusqu'à six
semaines (Tyrannochronis
nigriventer ) après
avoir lâché les alevins. C'est la
période durant laquelle elles vont surveiller leur
progéniture.
|
T.braushi
(rivière Fwa)
après trois semaines d'incubation.
Elle a relâché ses petits mais son
ventre est creux
Une mise en quarantaine sera nécessaire pour
refaire des réserves avant une autre
ponte
|
|
LA BOUCHE SE
DEFORME
En début d'incubation les oeufs
sont serrés les uns contre les autres et prennent peu
de place. La bouche est peu déformée. Au fur
et à mesure que le temps passe, les larves prennent
forme, se développent et la cavité buccale de
la mère devient de plus en plus
déformée. C'est d'autant plus visible qu'il y
aura d'avantage de larves dans la bouche.

|
|
photo du
haut : début
d'incubation, le jour de la ponte: on distingue
encore l'orifice de ponte sorti, une bouche pleine
et un ventre plutôt arondi
photo du bas
: en fin
d'incubation: l'orifice de ponte a disparu, le
ventre est creux d'avoir jeûné et la
bouche est très déformée par
la place prise par les alevins
|
Sc.fryeri en fin d'incubation:
cette femelle portait une cinquantaine d'alevins et
présente une bouche très
déformée
|
|
LA PROTECTION DES OEUFS ET
DES LARVES PENDANT L'INCUBATION
Une femelle en incubation va le plus
souvent s'isoler ou se fondre dans le décor pour ne
pas être agressée, l'agression pouvant venir
d'un mâle toujours trop entreprenant, d'un mâle
défendant son territoire ou plus grave, d'un individu
d'une espèce spécialisé dans le vol des
oeufs, comme par exemple le Caprichromis liemi, le Caprichromis
orthognathus. les
Hemitaeniochromis
ou le Naevochromis chrysogaster . Elle va s'isoler dans un coin, se cacher dans
le décor. Certaines continueront à nager en
eau libre. Dans le lac Malawi, après fertilisation
des oeufs, la femelle quitte le territoire du mâle,
cherche un refuge tranquille ou rejoint un banc de femelles
en incubation.
Femelle Maylandia msobo Magunga en incubation, se cachant dans des
roches
|
LES COULEURS ET LE
TERRITOIRE
Chez certaines espèces,
l'incubation va entraîner des modifications de
couleur. Ainsi, certaines femelles Maylandia msobo Lundo, naturellement jaunes, auront tendance
à devenir bleues comme les mâles lorsqu'elles
incubent. Après avoir définitivement
laissé leur progéniture en liberté, les
femelles reprennent leur couleur d'origine. On a
observé ce comportement chez plusieurs
espèces, dont les femelles Melanochromis
auratus, Melanochromis
johannii, Melanochromis vermivorus et les Metriaclima
(Maylandia) lombardoi. Dans
leur milieu naturel, la prédation s'exerce d'avantage
sur les mbunas de couleur jaune (femelles et
juvéniles). Ainsi, en prenant une couleur
foncée, les femelles échappent d'avantage aux
prédateurs et protègent leur
progéniture qu'elles incubent. Sur la VIDEO suivante, une femelle Cynotilapia afra incube. Elle aussi a pris des couleurs plus
accentuées, comme les mâles. Mais chose
inhabituelle, elle défend également un
territoire alors que la défense du territoire est
l'apanage des mâles. On observe ce comportement de
défense d'un territoire par des femelles en
incubation chez d'autres espèces également ,
comme les Pseudotropheus
tursiops.
|
LES OEUFS ET LES LARVES
DOIVENT ETRE OXYGÉNÉS
L'oxygène est un des
"carburants" de toute cellule vivante. Tout comme les
poissons adultes, les cellules embryonnaires ont besoin
d'oxygène pour une bonne croissance. L'oeuf et les
larves n'ayant pas de branchies fonctionnelles ou de
système respiratoire, c'est à travers la
membrane externe que les échanges gazeux se font.
Pour cela, un courant d'eau bien aérée doit se
faire autour de l'oeuf en permanence. En remuant les oeufs
dans sa bouche et en aspirant souvent de l'eau la femelle va
permettre ces échanges gazeux.
Sur la VIDEO on distingue bien une femelle Ps. saulosi ouvrir et remuer la bouche sans arrêt
pour oxygéner ses oeufs.
|
LA DUREE D'INCUBATION
est en moyenne de trois
semaines dans le lac Malawi
En aquarium, elle dépend de
plusieurs facteurs
- plus la température de l'eau est
élevée, plus la durée d'incubation sera
racourcie et inversement. Ainsi, on peut voir des
incubations aller de 17 à 24 jours pour des
températures de l'eau allant de 24 à
28°
- si l'aquarium est surpeuplé ou si la femelle a peur
que ses petits se fassent manger, elle aura tendance
à les garder en bouche plus longtemps. Il arrive
parfois qu'elle ne se décide pas à les
relâcher et c'est alors la catastrophe : les alevins
ont épuisé leur réserve, ils
maigrissent et meurent. La mère peut également
en être victime si son jeûne forcé par
l'incubation dure trop longtemps. Si on connaît la
date précise de la ponte et que l'incubation dure
trop longtemps, il est préférable d'isoler la
femelle dans un autre aquarium. La plupart du temps le
stress de la capture lui fera relâcher les petits. Au
mieux, elle les relâchera dans
l'aquarium-maternité, se sentant plus à
l'abri. Sinon il faut la "faire cracher" (VIDEO) pour éviter qu'elle ne meure, et ses
petits avec.
Un cas particulier est à signaler, celui de
l'Astatotilapia
caliptera, véritable
fossile vivant, ancêtre des mbunas, qui a une
durée d'incubation de deux semaines. Cette courte
durée d'incubation et les autres
caractéristiques de ce cichlidé lui ont permis
de franchir les siècles en s'adaptant à toutes
les conditions.
Dans le lac Malawi, le Metriaclima
(Maylandia) livingstonii
n'incube pas plus de 16 jours.
Le fait qu'il ponde dans les coquilles vides explique sans
doute la courte durée d'incubation, les alevins
étant à l'abri dans la coquille les premiers
jours de vie.
|
LA PROTECTION DES ALEVINS
APRES L'INCUBATION
En fin d'incubation, la femelle
rejette les alevins à l'abri. Ceux-ci sont alors autonomes, ils recherchent
leur nourriture et l'instinct les pousse à se cacher
des prédateurs.
- Nombre d'espèces protègent leurs alevins en
les relâchant au milieu de bancs d'alevins de
même taille (Metriaclima
zebra, Metriaclima fainzilberi...). - - Souvent, ce sont les alevins
eux-mêmes qui rejoignent de tels groupes, leur
protection étant assurée par le grand nombre
d'individus autour d'eux (Copacichromis...)
- Plusieurs espèces de Copadichromis
(Copacichromis
geertsi... ) et d'
Otopharynx rejettent leurs petits au dessus des nids de
grands poissons-chats (Bagrus
meridionalis) qui vont ainsi
les protéger avec leurs propres petits. Les femelles
Mylochromis melanonotus
relachent également
leur progéniture devant les nids de
poissons-chats.
- On voit également des alevins "squatter" la bouche
d'une autre femelle (parfois même d'une espèce
prédatrice comme le Tyrannochronis macrostoma) et se mêler à une autre
couvée, profitant de l'instinct maternel de
protection.
Souvent, la mère va
protéger les petits pendant plusieurs jours après les avoir
lâchés. Les alevins restent à
proximité, rentrent à l'abri dans la bouche
maternelle à la moindre alerte et également
durant les nuits. Sur la VIDEO on distingue une femelle Maylandia
msobo Magunga reprendre en bouche deux alevins pour les
protéger. Dès que les jeunes sont trop vifs ou
trop grands, la mère les abandonne à leur
sort.
Les femelles Aulonacara
pétricoles s'occupent
des petits pendant un à deux jours, puis les
abandonnent dans les rochers où ils resteront
jusqu'à la taille de trois centimètres avant
de s'aventurer hors de leur abri. Beaucoup de
prédateurs les protègent pendant trois
semaines ( Fossorochromis
rostratus, Dimidiochromis kiwinge), un mois (Nimbochromis livingstonii, Nimbochromis
polystigma, Aristochromis chrystii,...), ou même six semaines (Tyrannochronis nigriventer ).
La plupart du temps, la
surveillance des alevins est
faite uniquement par la mère. Mais on a
observé dans le lac Malawi des femelles
Tyrannochronis nigriventer avec
leurs alevins à proximité de mâles en
tenue de frai. Il semblerait dans ce cas que le mâle
participe également à la protection des
alevins. Cela expliquerait qu'une femelle Tyrannochronis
nigriventer puisse rester six semaines à
protéger ses petits, le mâle permettant
à la femelle d'aller s'alimenter entre temps. Mais
cela reste encore du domaine de l'hypothèse.
|
LE DELAI ENTRE DEUX
INCUBATIONS est variable selon
les espèces.
En aquarium, dans de bonnes conditions
de maintenance les incubations peuvent se succéder
tous les deux mois.
Si la femelle n'a pas le temps
de reprendre des forces, elle peut mourir
d'épuisement au bout de plusieurs incubations trop
rapprochées. Certaines espèces ont des pontes
très espacées pouvant aller jusqu'à un
an, voire d'avantage.
|
L' INCUBATION : UNE PERIODE
A DOUBLE RISQUE
On a vu plus haut qu'un premier risque
est de voir une femelle incuber trop longtemps et mourir
littéralement de faim, le second risque étant
représenté par des incubations trop
rapprochées dans le temps. La plupart du temps, en
maintenance aquariophile, nous n'avons pas besoin
d'élever plusieurs pontes successives (que faire de
dizaines d'alevins qui deviendront vite des dizaines
d'adultes?). Aussi est-il préférable dans ce
cas de séparer la femelle du mâle quelques
semaines, le temps qu'elle reprenne des forces.
Une observation quotidienne de son aquarium (ses aquariums
pour beaucoup d'entre nous) évitera à nos
chers cichlidés bien des ennuis et il est toujours
utile de noter sur un calendrier le jour de la ponte pour
s'assurer que le terme de l' incubation n'est pas
dépassé. De même, noter les pontes
successives pour isoler les femelles à risque
d'épuisement. C'est à ces conditions qu'on
pourra profiter pleinement et longtemps des plaisirs que
nous donnent les cichlidés.
|
L'INCUBATION
ARTIFICIELLE
Dans ce chapitre est abordée la
façon de mener à terme une incubation
précocément interrompue.
Il faut dire avant tout que l'incubation artificielle doit être
réservée à des cas très
particuliers car une femelle
qui est née par incubation artificielle va perdre son
instinct d'incuber correctement et de protéger ses
petits après leur naissance. Ces mauvaises conditions
vont ainsi passer de génération en
génération.
|
POUR EN SAVOIR
PLUS
"CICHLIDES AFRICAINS, espèces
d'Afrique orientale" par Dr. Wolfgang Staeck, Horst
Linke
Les CICHLIDES du TANGANYIKA dans leur milieu naturel. Ad
Konings.
"Les cichlidés du Malawi dans leur milieu naturel"
3° édition. Ad Konings.
"Cichlidés du lac Malawi de Tanzanie". Andreas
Spreinat.1996
"Reproduction, mode d'emploi" par Jérôme
THIERRY, AFC 1994.80, R.F.C. N° 235 de janvier 2004
La taille des oeufs : http://cichlidresearch.com/cichlideggsizedata.html
|